Final Fantasy X/X-2 HD Remaster

Test

Le 13 avril 2014 à 14:42 par Bastien 0 commentaire
Final Fantasy X/X-2 HD Remaster - Bandeau

Habitué des effets d'annonce, Square Enix a mis tout son savoir faire en la matière pour la campagne de communication de Final Fantasy X HDannoncé au Tokyo Game Show 2011 et finalement disponible deux ans plus tard. Une attente interminable qui n'aura pas été vaine : outre la complète remasterisation graphique et musicale, le studio chinois Virtuos en charge du projet s'est également attaqué à Final Fantasy X-2, pour proposer une compilation plus qu'alléchante. En route pour Spira !

De la chirurgie plastique

Les yeux rivés sur la touchante cinématique d'introduction, tout s'explique : la longue gestation de ce qui semblait être un simple portage n'était pas un excès de zèle. Alors que la tendance va au lissage rapide et économique, Square Enix a choisi de traiter avec le plus grand respect ses œuvres, en retravaillant en profondeur chacun de leurs aspects esthétiques. C'est d'autant plus surprenant pour nous, européens, qui avions hérité en 2002 d'une version piétinée par plusieurs contraintes techniques absurdes. Ralentissement permanent dû à l'absence de mode 60 Hz, bandes noires sur les bords de l'écran… Cette époque est révolue : le résultat est tout simplement splendide, faisant de Final Fantasy X/X-2 HD la plus belle « remasterisation » jamais sortie à ce jour.

Les personnages d'abord : si leurs animations restent discutables, les modèles 3D ont été exemptés de leurs textures grossières. Certains visages trop lissés comme celui de Tidus déplairont, c'est sûr, mais la finesse des tenues et des formes justifient volontiers les légers changements opérés sur leur design. Un bémol tout de même sur les chevelures, découpées à la truelle et finalement assez décevantes. Les décors, ensuite : quelle gifle ! Le 16:9 et la résolution HD y sont pour quelque chose, mais la précision et le soin qui ont été apportés à chaque partie visible des environnements sont renversants. C'est après une petite heure de jeu, sur l'île de Besaid, que le jeu offre ses premières émotions. La végétation est luxuriante, les couleurs chatoyantes, les textures affirmées. On redécouvre littéralement certains détails. Kilika, la Plaine Foudroyée, Selenos et le Mont Gagazet ne sont pas en reste, dans X comme dans X-2. Et malgré quelques flottements, de vilains PNJ et l'éternelle rigidité propre aux jeux de l'époque, on a du mal à comprendre comment certains illuminés se persuadent encore qu'une version émulée du jeu original sur un PC sur-boosté peut afficher le même résultat. Les interfaces et menus enfin : ils ont aussi été remis au goût du jour, avec des typographies lissées et des couleurs plus fraîches. On appréciera d'ailleurs la rapidité avec laquelle le menu principal s'affiche, tant les allers-retours dans les sphériers d'évolution sont nombreux. Ces améliorations ont un coût : des temps de chargements corrects sur PlayStation 3 mais plus crispants sur Vita. Côté cinématiques pré-calculées, pas d'inquiétude : la compression est visible, mais elles restent aujourd'hui encore tout à fait respectables, une preuve supplémentaire que Squaresoft avait une belle longueur d'avance sur son temps à l'époque.

Si l'on fait abstraction de la synchronisation labiale désastreuse, cette version 2014 profite aussi aux oreilles. Il n'y a pas de nouvelle musique, bien entendu, mais une grande partie de la bande originale de Final Fantasy X a été réarrangée par Junya Nakano et Masashi Hamauzu, qui avaient à l'époque assisté Nobuo Uematsu. Cette fraîcheur s'accorde parfaitement avec les nouveaux visuels. Le thème principal des combats m'a toujours irrité, et m'irritera encore, mais il faut reconnaître que le reste des compositions est sensationnel. Discrètes et exotiques quand on progresse tranquillement dans Spira, les mélodies savent se faire plus fougueuses et énigmatiques quand l'action gagne en intensité. Yuna et ses compères n'ont pas bénéficié du même traitement : les musiques de FFX-2 ont simplement été remplacées par celles de l'OST pour une qualité légèrement réhaussée. Seuls les experts sauront faire la différence.

Mais pas une seule ride

Sortir cette compilation en Occident quelques semaines après Lightning Returns: Final Fantasy XIII était stratégiquement risqué. Pour nous, joueurs, c'est l'occasion de procéder à quelques comparaisons intéressantes sur l'évolution du gameplay de la série sur une décennie. Comme il s'agit là d'un portage et non d'un remake, l'essence même de Final Fantasy X et X-2 a été conservée. On se retrouve donc face à un système de combat au tour par tour assez surprenant et très stratégique pour l'un, et avec une Active Time Battle et des changements de jobs ultra-dynamiques pour l'autre. La progression des personnages se fait elle-aussi différemment : très réfléchie au moyen d'un sphérier d'évolution dans le premier, plus riche avec les compétences propres à chaque vêtisphère dans le second. Deux psychologies opposées, qui confèrent à chacun une richesse et des qualités indéniables.

Pourtant, Final Fantasy X-2 a toujours été boudé par les joueurs et considéré comme le vilain petit canard de la saga. Mysoginie ordinaire oblige, avoir trois héroïnes au bout du pad dérange, comme si la testostérone et les épées phalliques et surdimentionnées étaient un passage obligé pour tout RPG japonais. Au contraire, j'ai tendance à penser que ce trio, quoi qu'un peu stéréotypé au début de l'aventure, est bien plus convainquant que Tidus, qui dans FFX se permet pas mal de lignes de dialogue navrantes et autres réactions déconcertantes. Yuna, Rikku et Paine incarnent aussi une certaine liberté : seules, elles avancent librement sur Spira, là où le premier volet se veut plus dirigiste avec un chemin dicté et aucune dérogation possible pendant une bonne partie de l'aventure. Ce Remaster sera je l'espère l'occasion de remettre sur un même pied d'égalité ces deux aventures certes différentes, mais toutes les deux aussi ambitieuses.

Never ending story

Vous connaissez ces deux colosses sur le bout des doigts ? Vous êtes venus à bout de la centaine d'heures nécessaire à la complétion des deux aventures ? Ce n'est pas terminé. Pour enfin boucler la boucle et mettre fin à des années d'injustices, Square Enix propose avec cette édition les versions ultimes des deux jeux, ditesInternational. C'est surtout l'occasion de découvrir sur le même disque L'éternelle Félicité, une cinématique de 15 minutes faisant le lien entre les deux histoires, le mode de capture et d'évolution de monstres mais aussi et surtout l'épisode Last Mission, qui prend place trois mois après la fin de Final Fantasy X-2. Ce contenu additionnel considéré par beaucoup comme un jeu à part entière consiste en un long donjon à parcourir avec l'une des trois héroïnes avec des mécaniques propres au genre dungeon crawler. Très stratégique, assez complexe, ce nouveau chapitre n'est pas à prendre à la légère, car il représente à lui seul plusieurs dizaines d'heures de jeu.

Enfin, le scénariste Kazushige Nojima s'est prêté à un curieux exercice : écrire un récit audio de 30 minutes introduisant de nouveaux personnages. Square Enix assure que cette démarche n'est pas intéressée, et qu'aucune suite n'est actuellement en cours de développement dans leurs studios. On commence à connaître les méthodes de la société, qui aime prendre la température auprès de ses joueurs avant de se lancer dans de tels projets. L'avenir nous dira si la saga de Spira doit connaître une nouvelle épopée ou si, au contraire, elle doit rester intacte. Quoi qu'il en soit, nous avons déjà du pain sur la planche : avec son système de transfert de sauvegardes, Final Fantasy X/X-2 HD Remaster est un mastodonte vidéoludique à savourer dans le salon comme dans les transports, jour et nuit, jusqu'aux précieux et éprouvants 100 %.

Les experts comme les néophytes parcourront avec plaisir avec cette réédition de grande qualité, qui démontre que Square Enix, bien que se reposant sur ses acquis, peut encore surprendre et faire rêver. Ce dépoussiérage de printemps apporte un grand bol d'air frais après un Lightning Returns en demi-teinte. Un achat indispensable, qui pourrait bien vous donner des envies de Final Fantasy XII HD...

17
Réalisation splendide
Le tour par tour de retour
Tous les contenus bonus
Animations d'un autre temps
Épisode audio opportuniste
Pas de cross-buy