Dragon Quest III HD-2D Remake

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Le 02 septembre 2025 à 12:10 par Bastien 0 commentaire
Artwork de Dragon Quest III HD-2D Remake

Dévoilé pour la première fois lors des festivités du 35e anniversaire de la série en mai 2021, le projet de remake HD-2D de Dragon Quest III est longtemps resté très discret dans l'actualité de Square Enix. Pourtant, l'idée avait de quoi séduire les joueurs (et les actionnaires) : capitaliser sur le style visuel inimitable d'Octopath Traveler pour rafraîchir l'épisode favori de la série Dragon Quest — top 3 des jeux les mieux classés par les lecteurs de Famitsu, derrière Final Fantasy X et Final Fantasy VII. C'est en fin d'année 2024 que Dragon Quest III HD-2D Remake, qui est chronologiquement le point de départ de cette première trilogie Roto (« Elric » en français), a débarqué sur consoles et PC. 9 mois plus tard et avec près de 50 heures au compteur, il est temps pour moi de vous livrer mon avis sur ce titre intemporel, maintenant doté de son plus bel écrin.

Dragon Quest III HD-2D Remake - Cinématique
Dragon Quest III HD-2D Remake - Cinématique

Daron Quest

Difficile de reprocher à Dragon Quest III l'austérité de son scénario car derrière les apparences charmantes de ce remake se cache en réalité une aventure publiée pour la première fois en 1988 sur Famicom. L'enjeu tient sur quelques lignes : un jeune garçon de 16 ans doit poursuivre la quête de son défunt père Ortéga, abattre l'archidémon Baramos qui menace l'avenir de ce monde. En réalité, la particularité de ce troisième épisode repose sur la constitution totalement libre de l'équipe de trois camarades qui accompagnent le Héros : apparence, nom, vocation... Révolutionnaire pour l'époque, ce système semble un peu plus banal aujourd'hui, voire légèrement triste en matière d'immersion puisqu'il ne permet pas la moindre interaction entre les héros, ni de véritable plongée dans les histoires personnelles de chacun d'entre-eux. Heureusement, comme dans tout Dragon Quest qui se respecte, chaque village a ses propres mythes et n'importe quel personnage non jouable rencontré renferme une petite anecdote amusante ou un précieux conseil. Héritage des J-RPG des années 80-90, il est conseillé de parler à absolument tous les habitants pour ne passer à côté d'aucune information essentielle pour la progression ou d'un indice pour une quelconque quête annexe. Comme Final Fantasy VI, Dragon Quest III fait partie des jeux qui, selon votre degré d'investissement et de patience, vous invite à consulter les guides communautaires publiés sur le web afin de ne pas en perdre une miette.

C'est notamment vrai pour optimiser la constitution de l'équipe et le choix des personnalités et des vocations de chacun après une quarantaine de niveaux. Pour être plus clair : l'Abbaye des Vocations se dévoile assez tôt dans l'aventure, mais selon la classe de vos personnages il est parfois conseillé d'attendre avant d'opter pour une nouvelle spécialisation et revenir au niveau 1, voire de garder votre classe actuelle jusqu'à la fin de l'aventure. Heureusement, il n'y a pas vraiment d'erreur fatale ou d'incompatibilité, juste des choix plus ou moins adaptés pour optimiser les statistiques de l'équipe. Il faut dire que certains donjons et certains boss ne manqueront pas de vous donner du fil à retordre : les buffs, debuffs et autres sorts ou compétences de haut niveau acquis se révéleront alors très précieux. Les amoureux de chasse aux gluants seront d'ailleurs servis : plusieurs collines et îles farcies de ces monstres aussi généreux en points d'expérience qu'insaisissables vous attendent. Mais là encore, c'est un secret bien gardé...

Switch ou Switch 2 ?

Initialement sorti sur Nintendo Switch, Dragon Quest III HD-2D Remake s'est offert cet été une mise à jour gratuite très appréciée pour Switch 2. Alors que la version Switch était idéale mais entachée par un manque de netteté globale sur les sprites des personnages et quelques temps de chargement un peu longuets, cette update optimise le rendu global en permettant aux joueurs de choisir entre "graphismes" et "performances". La première option semble toute indiquée pour s'affranchir du flou artistique et se rapprocher des versions PC et console de salon.

Monstres et Cie

Nouveauté de cette édition liftée, revue et corrigée, la vocation Monstrologue inédite est aussi un véritable atout pour boucler l'aventure avec un avantage certain. Avoir un Monstrologue dans son équipe, c'est avoir l'assurance de pouvoir approcher et recruter bien plus facilement les 121 monstres amicaux disséminés aux quatre coins du monde et ainsi obtenir des compétences puissantes comme « Monstre en renfort » ou « État sauvage » et réussir plus facilement la quête annexe des arènes. Dans ces dernières, disposer d’un bestiaire varié et puissant peut faire toute la différence. Accomplir cet objectif annexe et parfaitement dispensable n'est pas anodin : cela permet d'obtenir un précieux équipement permettant ensuite d'éliminer bien plus facilement les gluants de métal et de mercure, réputés pour leur résistance et leurs gains d’expérience faramineux. Choisir le Monstrologue et le conserver dans ses rangs sans céder aux sirènes du changement de classe est donc un pari sur l'avenir qui demande tout de même un certain investissement, car si certains monstres se dressent bêtement sur votre chemin pendant l'aventure, d'autres ne seront visibles qu'à certains moments de la journée... À noter toutefois que cette vocation étant jugée un peu trop puissante par les joueurs, Square Enix a opéré quelques ajustements dans une récente mise à jour de rééquilibrage.

Autre nouveauté assez classique apportée dans ce remake : la possibilité de boucler les combats plus rapidement via une option d'accélération — encore trop lente pour qui aurait touché à la série Bravely Default — et les ordres permettant d'automatiser les actions des personnages lors des combats basiques, toujours très nombreux que ce soit sur la carte du monde comme dans les donjons. Ne pensez pas y avoir recours lors des affrontements contre les boss ou les séances de farming contre les gluants de métal et de mercure, chaque tour est précieux et le moindre faux pas peut s'avérer fatal ou conclure à la fuite du monstre tant convoité. Dans ces moments-là, garder la main est essentiel. La dernière ligne droite, notamment, expose le joueur à une série de combats retors, où il est nécessaire de se protéger, affaiblir l'adversaire et soigneusement adapter ses actions pour afficher le générique qui récompense de nombreuses heures de combats.

Dragon Quest III HD-2D Remake - Combat
Dragon Quest III HD-2D Remake - Combat

Fiat Lux

Après Octopath Traveler, Live A Live et Triangle Strategy, la patte artistique HD-2D de Square Enix nous est désormais familière — et l’on peut dire sans exagérer qu’il s’agit sans doute de leur plus belle trouvaille de ces dix dernières années. Dans Dragon Quest III HD-2D Remake, le rendu passe encore une étape dans les villes grâce à des environnements 3D aux textures fines, à la végétation fournie et aux modèles 2D des personnages qui, avec leurs contours très affirmés, rendent parfaitement hommage au trait de crayon génial d'Akira Toriyama. C'est d'autant plus réussi en combat, quand la caméra se place derrière l'équipe lors de la sélection des actions, alors que l'on faisait traditionnellement face aux monstres dans l'opus original et ses différents remakes (en 1996 sur Super Famicom, 2001 sur Game Boy Color et 2009 sur smartphone). Le travail réalisé sur la lumière est aussi fantastique : de jour, de nombreuses particules fourmillent dans l'air, les reflets de l'eau s'agitent et les ombres apportent une jolie profondeur. La nuit, le héros et sa lanterne illuminent chaleureusement leur trajectoire et les flambeaux disséminés dans les environnements créent une atmosphère très agréable, au détriment de la version Switch 1 qui souffre de quelques ralentissements dans ces situations.

Dans vos oreilles, le nombre assez limité de compositions (néanmoins cultes, et toujours signées Koichi Sugiyama) aura le don de vous hypnotiser après plusieurs dizaines d'heures de jeu à tourner en boucle. Mais fort heureusement celles-ci s'offrent quelques variations selon le moment de la journée, sans oublier qu'elles ont été réorchestrées et interprétées par le Tokyo Metropolitan Symphony Orchestra. Le doublage, lui, n'est malheureusmement que très partiel — et c'est un euphémisme. Pour satisfaire les puristes, les voix japonaises et anglaises sont incluses, mais elles ne concernent que les très rares échanges importants de l'aventure, tout le reste des discussions avec les PNJ n'étant que lecture et bruitages hérités des années 90. C'est certainement le prix à payer pour conserver le label « entre tradition et modernité » ?

Dragon Quest III HD-2D Remake est une aventure à la fois somptueuse et riche, où chaque pas réserve une découverte... à condition de consulter quelques guides tant les secrets et subtilités de son système peuvent échapper au joueur. Cette densité fait aussi sa richesse : la liberté d’explorer le monde en bateau et plus tard dans les airs à la recherche des monstres amicaux ou de trésors annexes, de façonner son équipe au gré des vocations et des envies, donne le sentiment grisant de vraiment vivre son épopée malgré un scénario réduit à peau de chagrin. Les musiques, joliment réorchestrées, finissent certes par tourner en boucle, mais elles accompagnent à merveille les combats et les excursions dans les villes ou les donjons. Et, ne tournons pas autour du pot : l'addiction aux longues sessions de chasse aux gluants de métal ou de mercure est réelle ; elle renforce encore plus l’impression de progresser tel un shônen dans une aventure généreuse et intemporelle. Un classique à ne pas manquer !

15
Direction artistique et réalisation aux petits oignons
Une aventure d'exploration non-linéaire
Nombreux secrets à découvrir, y compris après les crédits
Système de classes très libre
Manque de netteté et de fluidité sur la version Switch 1
Aucun attachement aux héros interchangeables
Soluce et guides nécessaires à certains moments
Doublage très partiel