Final Fantasy VII Remake

Test

Le 10 avril 2020 à 20:25 par Bastien 0 commentaire
Final Fantasy VII Remake - Artwork Midgar

Vous y croyez, vous ? Après toutes ces années ? C'est complètement surréaliste. Car en s'attaquant à Final Fantasy VII, Square Enix exauce peut-être le rêve de millions de joueurs qui, depuis 2005, espéraient mettre un jour la main sur ce qui n'était alors qu'une simple démonstration technique classée sans suite. Si la Réunion n'est pas pour maintenant, les retrouvailles peuvent d'ores-et-déjà commencer. Plus de 20 ans après, celui qui a fait découvrir le genre RPG à une grande partie du public occidental revient dans une réinterprétation fascinante de bout en bout. 

Test de FFVII Remake sur PS4
Test de FFVII Remake sur PS4

Pas de spoiler : cet article ne contient aucune révélation scénaristique.
 

Réécrire la légende

Il fallait une sacrée dose de courage pour remettre les mains dans Final Fantasy VII et son univers copieusement étendu entre 2004 et 2009 à la faveur de Compilation of Final Fantasy VII, complexe projet polymorphique comme Square Enix n'en fait plus. « Je souhaite que les fans de l'original soient surpris ; nous ferons des ajustements scénaristiques en gardant cet objectif en tête. », déclarait le producteur Yoshinori Kitase en 2015. Ce premier jeu Final Fantasy VII Remake porte bien son nom : s'il introduit évidemment toutes les séquences cultes des évènements de Midgar pour raviver cette flamme qui sommeille en chacun d'entre nous, il brûle également sans hésiter la chronologie de certains évènements tels que nous les connaissions pour permettre, notamment, l'intégration de Sephiroth, qui ne pouvait pas manquer ce rendez-vous. Supervisée par Kazushige Nojima, cette nouvelle interprétation ne laissera personne indifférent... sauf, peut-être, les quelques joueurs qui auront décidé de faire de ce Remake leur première expérience avec Final Fantasy VII, quitte à passer à côté de nombreux clins d'œils suggérés dans des souvenirs, des prémonitions... qui donneront du grain à moudre aux amateurs de théories.

Se pose alors une question. Comment faire tenir en 40 heures une séquence qui en occupait 7 en 1997 ? Tout d'abord, en intégrant plusieurs nouvelles idées qui donnent plus de poids à des personnages secondaires, à l'image de Jessie, qui est à l'honneur dans un chapitre inédit très touchant aux côtés de Biggs, Wedge... et Rochey, un nouvel antagoniste caricatural et anecdotique dont on se serait bien passé. Ensuite, en étirant certaines séquences attendues au tournant. C'est le cas du Wall Market, le quartier des désirs qui n'a jamais aussi bien porté son nom, où l'équipe s'attardera longuement, comme pour ralentir la cadence d'une aventure qui se concluerait trop vite. Vous vous demandiez si les créateurs pourraient vraiment se permettre de réintégrer cette scène culte dans le manoir de Don Cornéo ? Vous n'êtes pas au bout de vos surprises : dialogues suggestifs, situations embarassantes, si l'ambiance de ce quartier rouge grandeur nature est irréprochable, il faudra accepter qu'un héros aussi réservé que Cloud soit soumis à toutes les épreuves. Même les plus humiliantes. Ainsi, à plusieurs occasions, Final Fantasy VII Remake force le joueur à prendre son temps, pour masquer intelligemment les temps de chargements, pour lui permettre d'admirer ce monde qui tombe en ruines, ou simplement pour développer le lore sous un nouvel angle.

Test de FFVII Remake sur PS4
Test de FFVII Remake sur PS4

Malgré les imperfections et les grandes libertés scénaristiques signées Nojima et Nomura, comment pourrait-on rester insensible face à cette avalanche de scènes d'anthologie servies par une débauche de moyens techniques ? On ressort de cette aventure éprouvé, chamboulé par toutes les émotions qu'elle aura remuées du début à la fin.

Réveiller les sens

Le long-métrage Advent Children avait déjà prouvé à qui en doutait encore qu'il était possible de sublimer l'univers de Final Fantasy VII. Il faut dire que 23 ans plus tôt, le seul moyen de lui donner vie était d'empiler quelques polygones, d'y ajouter de jolis arrière-plans et de produire une poignée de cinématiques pré-calculées pour le spectacle. Nous sommes en 2020 et Square Enix peut maintenant compter sur un moteur en béton (l'Unreal Engine 4), une console en fin de cycle qu'ils maîtrisent parfaitement et le talent de leurs artistes. Le résultat est irréprochable : les décors, les visages, les animations, les particules de lumière... Tout participe à hisser Final Fantasy VII Remake sur le podium des plus belles œuvres de la PlayStation 4, servie par une mise en scène épique et des chorégraphies spectaculaires. C'est un détail, mais le simple fait de voir les armes et les matérias équipées par le joueur dans les séquences cinématiques ravira les plus fins observateurs. Certains environnements comme les toits des taudis du secteur 5 ou encore l'ascension du secteur 7 donnent lieu à des panoramas saisissants qui collent la chair de poule. Mais cette insolence graphique a un prix, celui de la liberté. À l'image d'un Final Fantasy XIII, le joueur suit un chemin tout tracé qui ne laisse qu'à de trop rares occasions l'opportunité de favoriser l'exploration. Quatre zones plus « ouvertes » proposent des missions secondaires dans les alentours, mais c'est suffisamment anecdotique pour vous faire comprendre que seule l'histoire est au cœur de ce voyage.

Pour la troisième fois dans l'histoire de la série, l'équipe s'est offert le luxe d'un doublage intégral en japonais, anglais, allemand et français. Un effort particulièremnt apprécié même si la qualité des interprétations est inégale. La VF n'échappe pas aux enfants niais, à l'enthousiasme dissonant de certains PNJ ou aux sérénades fatigantes de Barret, qui passaient beaucoup mieux quand elles ne demeuraient qu'à l'écrit. Le doublage anglais contient lui aussi son lot de stéréotypes, preuve qu'il s'agit davantage d'un problème plus global d'écriture que de casting. C'est l'occasion de noter que certains caractères bien trempés comme Barret (encore lui) optent pour un registre très familier, ce qui ne devrait néanmoins pas choquer les joueurs ayant subi la piètre traduction française du jeu original.

Test de FFVII Remake sur PS4
Test de FFVII Remake sur PS4
Test de FFVII Remake sur PS4

L'autre coup de maître de Final Fantasy VII Remake est sans aucune contestation possible sa bande originale dont les 156 (!) morceaux s'étalent d'ailleurs sur 7 disques. Si l'on y trouve quelques pistes inédites sans grand intérêt, les mélodies supervisées par de grands noms tels que Masashi Hamauzu (qui avait déjà excellé sur Final Fantasy X et XIII) et Mitsuto Suzuki (Final Fantasy XIII-2Lightning Returns) sont pour la plupart des arrangements des mélodies originales. Souvent « adaptatives », elles collent parfaitement à l'action et mettent intelligemment à l'honneur plusieurs inspirations allant des violons aériens chers à Hamauzu lors des promenades aux solos de guitares saturées pendant les combats les plus féroces. Sans oublier les chœurs et les envolées philarmoniques qui avaient déjà fait de l'OST de Final Fantasy VII un mythe à part entière.

Confinés mais « libres »

Comme il était inenvisageable de proposer un monde ouvert dans ce premier jeu, les développeurs ont imaginé plusieurs zones « libres » où Cloud et ses équipiers se voient proposer des quêtes secondaires facultatives, mais recommandées pour maintenir un certain niveau d'expérience et dénicher quelques objets intéressants. C'est aussi l'occasion de faire la connaissance de Chadley, jeune stagiaire infiltré de la Shinra qui vous demandera par exemple d'utiliser votre compétence d'Analyse sur de nombreux ennemis pour compléter ses recherches et vous permettre de mettre la main sur quelques matérias capitales. Il serait dommage de s'en passer quand des invocations sont à la clé !

Test de FFVII Remake sur PS4
Test de FFVII Remake sur PS4

Réinventer l'ATB

Exit les combats au tour par tour ! Pour accompagner sa mise en scène vitaminée, Final Fantasy VII Remake opte pour un mélange astucieux entre action pure (pour les attaques classiques) et commandes spéciales conditionnées par le remplissage de la célèbre jauge d'action. C'est la formule parfaite car elle satisfait toutes les exigences : les plus vifs privilégieront l'utilisation des raccourcis tandis que les plus sages abuseront de la pause active, qui laisse toute la liberté de faire leur choix sans précipitation. L'équipe est toujours constituée de trois personnages (l'histoire impose toujours le trio jouable, y compris dans l'ultime chapitre), mais il ne faudra pas trop compter sur l'IA de vos camarades pour abattre les hordes d'ennemis et ce malgré la présence de quelques matérias d'automatisation. En fait, il faudra systématiquement switcher de l'un à l'autre pour gagner en vitesse d'exécution et maintenir tout le monde en bonne santé quand les boss les plus redoutables mettront à mal vos héros. La jauge ATB segmentée en deux parties conditionne toutes les compétences ainsi que l'utilisation d'objets de soin. Cela donne lieu à quelques moments de tension (et de frustration) dans la dernière ligne droite où le moindre segment se révèle précieux. Le système de Faiblesse et de Choc, qu'il est indispensable de comprendre pour abattre certains monstres, permet de prendre conscience de l'équilibre parfait des compétences de chacun. Cloud est plutôt polyvalent, alors que les compétences spéciales de Tifa lui permettent d'exploser la jauge de Choc. Barret et Aerith, eux, resteront à distance. Le premier pour mitrailler tout ce qui est hors de portée, la seconde pour panser les plaies ou lancer des sorts offensifs.

Outre le sphérier d'amélioration d'armes assez classique où l'on dépense ses PA obtenus à chaque gain de niveau, c'est surtout l'assignation des matérias récoltées au cours du voyage ou dans les boutiques qui fait toute la singularité de votre équipe. Avec beaucoup de matérias pour peu d'emplacements sur l'équipement, il faudra toujours faire les bons choix, même si certaines combinaisons sonnent comme une évidence pour les habitués. Comme en 1997, le jeu récompense la fidélité : l'utilisation intensive d'une matéria en booste les effets, ce qui encouragera les « complétistes » à rôder autour des deux arènes de combat que le jeu renferme. Les challenges proposés par le jeune Chadley sont d'ailleurs, avec quelques à-côtés mineurs et le mode de difficulté Difficile, le seul véritable challenge offert une fois l'aventure bouclée une première fois.

La virée à Midgar a beau être magnifique, une nouvelle attente commence maintenant. Il faudra s'armer de patience pour vivre la suite des évènements et découvrir comment Square Enix souhaite transposer le monde ouvert en maintenant un tel niveau d'excellence. Soutenu par une réalisation exemplaire, des musiques majestueuses et des combats sous haute tension, FFVII Remake se révèle être une expérience formidable pour qui souhaite replonger dans cette ambiance de fin de monde, toujours tristement d'actualité. Plus qu'une simple réinterprétation, Final Fantasy VII Remake est la réinvention d'un mythe qui s'autorise de nombreuses libertés à défaut de vous en laisser manette en main. Pourquoi refuser un si beau voyage quand il est de première classe ?

17
Direction artistique somptueuse
Une véritable relecture de l'univers
Combats de boss intenses et stratégiques
Les associations de matérias, toujours efficaces
Un retour en enfance qui fait chaud au cœur
Une ligne droite parfois frustrante
IA des alliés aux fraises
Armes et accessoires à l'intérêt limité
Quelques ajouts inutiles dans l'écriture
Rejouabilité limitée